jeudi 12 mars 2009

Les différentes façons d'extraire les principes actifs d'une plante

Il existe différentes façons d’extraire les principes actifs d’une plante.

Pour résumer, les substances liposolubles d'une plante se dissolvent dans l'huile, ses substances hydrosolubles, dans l'eau. En fonction de la méthode utilisée on ne récupère donc pas les mêmes substances : selon les plantes macérât, teinture et infusion peuvent ne pas avoir les mêmes propriétés.


Les macérâts :

Traditionnellement on entend par macérât, le résultat de la macération d’une plante dans de l’huile. Dans la majorité des cas c’est la plante sèche que l’on utilise, afin notamment d’éviter les problèmes de fermentation dus à la présence de l’eau. Mais dans certains cas, quand les principes actifs voulus sont sensibles à la dessiccation (cas du principe actif donnant la couleur rouge à la macération de millepertuis) la macération se fait à partir de plantes fraiches.

En réalisant une macération, on récupère les substances liposolubles de la plante. On estime le rapport d’extraction d’un macérât à 10%.


Pour réaliser un macérât, il suffit de remplir un bocal préalablement stérilisé de plantes et de les recouvrir d’huile (on utilise souvent les huiles de tournesol, de pépins de raisin et d’olive, en rapport à leur prix et degré d’oxydabilité mais toutes les huiles sont utilisables). On laisse macérer au soleil au minimum trois semaines, en secouant le bocal tous les jours (certaines personnes préfèrent faire macérer à l’abri de la lumière afin de protéger l’huile des effets de la lumière, la macération est dans ce cas un peu plus longue). Au bout de trois semaines, on filtre la préparation et on rajoute un anti-oxydant (Vit E). Si on a utilisé des plantes fraîches, il est conseillé de rajouter aussi un conservateur (EPP par exemple).

Il existe aussi des méthodes de macération dites « à chaud », dans ces méthodes le macérât est chauffé au bain-marie afin d’accélérer le transfert des substances actives de la plante à l’huile. Les macérâts obtenus par cette méthode peuvent être différents de ceux obtenus « à froid » certaines substances ne passant dans l’huile qu’à certaines températures.


Les huiles essentielles :

La plupart des huiles essentielles sont obtenues par distillation à la vapeur d’eau.

La vapeur d’eau entraine avec elle les substances actives de la plante. On obtient ainsi un produit extrêmement concentré et essentiellement liposoluble (voir Précautions d’emploi).

A moins d’avoir chez soi un distillateur, il est difficile de réaliser soi-même ce type d’extraction.

Macérât huileux et Huiles essentielles (HE) contenant tous deux des substances liposolubles, ils possèdent des propriétés assez similaires (mais en beaucoup plus douces dans le cas des macérâts).


Les hydrolats :

Les hydrolats sont un sous-produit de la distillation. On les trouve aussi sous le nom d’eau florale. Concrètement ils correspondent au « distillat aqueux qui subsiste après l’entrainement à la vapeur d’eau, une fois la séparation de l’HE effectuée » (définition d’après les normes en vigueur). Cette fois-ci ce sont les substances hydrophiles de la plante qui sont récupérées.

De même que pour les HE, à moins de posséder un distillateur, vous n’avez pas d’autres possibilités que de les acheter.

Le rapport d’extraction est ici autour de 5%.


Attention ne confondez pas hydrolats et eaux aromatisées (obtenues par macération aqueuse d’une HE suivie d’une décantation pour éliminer l’insoluble), souvent moins concentrées.


Les extraits glycérinés :

Il s’agit du résultat de la macération de la plante dans un mélange glycérine + eau. Ce sont donc ici aussi les substances hydrosolubles de la plante qui sont récupérées.

On peut obtenir des rapports d’extraction de l’ordre de 10%.


Pour réaliser un extrait glycériné, mettez 3 parts de plantes, 8 parts de glycérine et 2 parts d’eau dans un bocal préalablement stérilisé. Ajoutez un conservateur. Secouez tous les jours. Au bout de trois semaines, filtrez.


Les infusions et décoctions :

Là aussi on s’intéresse aux substances hydrosolubles de la plante.

Une infusion est obtenue par l’ajout d’eau frémissante sur la plante (on laisse "macérer" 10-15min et on filtre). Dans le cas de la décoction, on fait bouillir ensemble le mélange eau + plante pendant une dizaine de minutes.

Infusion et décoction se conservent mal mais peuvent être bienvenues comme phase aqueuse de votre crème, shampoing...


Hydrolats, extraits glycérinés, infusion et décoction contiennent donc tous des substances hydrosolubles et ont donc des propriétés assez proches (mais qui peuvent malgré tout être différentes puisque les substances actives sont obtenues à des températures et par des moyens différents).


Les teintures, et teintures mères (TM) :

Cette fois-ci on récupère les substances solubles dans l’alcool... Je précise que les teintures mères, les alcoolatures et les teintures en générales sont toutes hydroalcooliques. Hydroalcoolique ça veut juste dire que le solvant est composé d'eau et d'alcool, ce qui est toujours le cas sauf avec de l'alcool à 100°. Les teintures possèdent l’avantage de permettre une excellente conservation des propriétés médicinales des plantes.

Les teintures s’utilisent plus en interne qu’en externe (ou du moins pas pures en externe) du fait de l’alcool qu’elles contiennent qui peut dessécher la peau.


Dans le cas des teintures, on fait macérer les plantes sèches dans de l’alcool entre 40 et 60°. On obtient un rapport d’extraction de l’ordre de 20% (de la plante sèche).

Dans le cas des teintures mères (TM), on fait macérer les plantes fraiches dans de l’alcool entre 60 et 90° (tout dépend de la concentration initiale en eau de la plante puisque c’est elle qui va déterminer le degré d’alcool de la préparation finale). Si le degré alcoolique de la TM est plus élevé c'est parce qu’elle est faite à partir de plantes fraiches qui contiennent donc de l'eau, des bactéries et des spores de moisissures. Le rapport d’extraction est ici de l’ordre de 30% (de la plante fraiche).

L'alcool à 60° extrait la majorité des principes actifs solubles dans l'eau, à 90° c'est surtout des résines (comme la propolis par exemple), et d’autres molécules hydrophobes que l’on récupère… Le choix du degré alcoolique est donc important.


Sur le site Passeport-santé, on trouve la recette suivante :

« Pour préparer une teinture :
1) Broyer finement la plante choisie dans un mélangeur électrique avec environ le double de son volume en alcool d'au moins 40 %. (La vodka convient très bien puisqu'elle contient peu d'additifs.)
2) Verser la préparation dans un bocal en verre et fermer hermétiquement.
3) Laisser macérer durant un mois à l'abri de la lumière en agitant vigoureusement le bocal tous les deux jours.
4) Lorsque la période de macération est terminée, filtrer à travers une mousseline en pressant énergiquement le tout afin d'extraire le maximum de teinture.
5) Verser la teinture dans des bouteilles de verre coloré. De préférence, on utilisera de petites bouteilles avec un bouchon de type compte-gouttes.
6) Les teintures à l'alcool se conservent environ sept ans.
7) Pour les utiliser, on peut déposer le nombre de gouttes voulu dans un peu d'eau (surtout si on boit ce mélange avant d'aller se coucher !) ou encore les mettre directement sous la langue pour obtenir un effet plus rapidement. »

D’autres recettes indiquent une part de plante (sèche) pour 5 d’alcool à 70°… Effectivement le choix de la recette dépend de ce que l’on souhaite obtenir… et varie donc en fonction de la plante et des substances qu’elle contient naturellement...


Pour plus d’infos sur ce sujet, vous trouverez un excellent récapitulatif sur les teintures ici

Et vous trouverez ici des infos sur les alcoolatures.


Les extraits CO2 :

La technique d’extraction au CO2 supercritique utilise du gaz carbonique, qui dans certaines conditions de pression et de température, se comporte comme un solvant, et permet d'extraire les parties lipidiques de plantes. En fin d'extraction, l’abaissement de la pression provoque le passage du gaz carbonique de l'état supercritique à l'état gazeux, ce qui lui permet de s'éliminer complètement de l'extrait CO2 obtenu
Avantages :
- On obtient des extraits 100 % naturels (pas de résidus de solvant)
- On récupère à température modérée (40°C) toutes les propriétés des plantes, ainsi que les autres composants les plus fragiles (il n'y a pas d'altération des composés actifs)"

Si vous voulez des infos supplémentaires, vous pouvez cliquer .


EPS :

Les EPS sont des Extraits fluides de Plante fraiche Standardisée que l’on peut trouver en pharmacie.

Le procédé d'obtention des EPS commence un « cryobroyage suivi d'une lixiviation à basse température avec extraction de la partie aqueuse puis de l'extraction de la partie alcoolique à différents degrés d'alccol (de 20° à 70°). Cette opération, complexe et de haute technicité, permet d'extraire l'ensemble des molécules (hydrosolubles et liposolubles) du végétal d'origine en fonction de leurs polarités.

L'ensemble de ces opérations se fait à basse température et à l'abri de l'air, ainsi que l'étape suivant d'évaporation de l'alcool sous vide. Par la suite est rajoutée de la glycérine d'origine végétale certifiée, qui assure une conservation naturelle des extraits, sans aucun ajout d'additifs ou de conservateurs. » (info issu du site CATRIC)

Le produit final est dépourvu d’alcool.



Par ailleurs, aroma-zone a mis dernièrement en ligne des recettes de macérâts huileux et glycérinés. N’hésitez pas à aller faire un tour sur leur site (leurs macérâts glycérinés contiennent beaucoup d'eau, ils ont donc l'avantage de pouvoir se substituer intégralement à la phase aqueuse de votre produit, par contre ils sont moins concentrés et se conservent moins longtemps que les extraits glycérinés obtenus selon la méthode décrite plus haut).


Si vous reconnaissez un passage de votre site et que j'ai omis d'en indiquer la source, n'hésitez pas à me contacter. De même, si vous notez des exactitudes ou erreurs...

16 commentaires:

  1. J'aime bien ton travail. Bravo pour tes sources.
    Ton blog est informatif. Ravie !

    RépondreSupprimer
  2. Alice, ton travail est impressionnant...

    RépondreSupprimer
  3. Que pensez vous de ces macérats hydro glycérinés de chez AZ, ont-ils la même efficacité que la méthode traditionnelle?
    C'est assez tentant au vu de la rapidité, mais l'efficacité?
    Merci de me donner votre avis!*CRISTINE

    RépondreSupprimer
  4. pour en avoir testé un au tépezcohuite j'ai été assez contente du résultat et ils ont l'avantage de pouvoir remplacer la phase aqueuse en intégralité... après ils sont très probablement moins concentrés et ne se conservent pas dans la durée...

    RépondreSupprimer
  5. grand merci pour tout ce travail d'echange genereux...

    RépondreSupprimer
  6. Comment préserver le principe actif d'une plante médicinale dont vous voulez stériliser l'extrait aqueux?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Désolée mais je ne comprends pas votre question...?

      Supprimer
  7. Bonjour et merci pour tous ces conseils. Je souhaite faire macérer de l'avoine pour pouvoir ensuite faire une décoction à appliquer sur la peau. Quelle technique de macération me conseillez vous ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En infusion (voir décoction) ça marche très bien :)
      Par contre pensez à rajouter un bon conservateur si vous n'utilisez pas tout immédiatement (les produits aqueux étant très sensibles aux pollutions microbiennes)

      Supprimer
    2. Merci pour votre réponse rapide. J'ai commencé à faire sécher l'avoine (cueillie il y a 2 jours) donc le mieux est de la faire infuser des qu'elle est bien sèche et de récupérer "le jus" de l'infusion pour l'appliquer directement sur la peau ? Que me conseillez vous en conservateur ?

      Supprimer
    3. Pas besoin de la faire sécher avant de l'infuser.
      Comme conservateur j'aime bien le cosgard (de chez aroma-zone) mais il en existe plein d'autres.

      Supprimer
  8. Merci de vos commentaires et informations. Alice que puis-je faire pour recupérer les principes actifs issus d'un macerat et d'une decoction pour en tester l'activité antimicrobienne? Jeanne

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour Alice,

    Je souhaite faire un macérat hydro-glycériné de concombre.
    Comme il s'agit d'un légume et non d'une plante, puis-je le laisse macérer 3 semaines ou faut-il que je fasse le macérât "à chaud" ? Si je dois le faire à chaud, combien de temps doit-il rester au bain-marie ?
    Comme conservateur, puis-je utiliser le Cosgard ou est-il préférable d'utiliser l'EPP ?

    Merci par avance de tes réponses.

    Nathalie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je tenterais à froid mais en réduisant la quantité d'eau puisque le concombre en contient. sinon cosgard est bcp plus efficace

      Supprimer
  10. C'est quoi la dégradation des principes actives durant la dessiccation des plantes medicinales?

    RépondreSupprimer